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LETTRE À ANTONIO SAURA

Un voyage musical bouleversant entre chant et littérature.
Sur une histoire universelle, celle de la langue maternelle et de l’exil.

Image de Naïma Chemoul en représentation icone fleche

Pour la première fois, le texte de Marcel Cohen est mis en musique et porté à la scène. L’oeuvre littéraire est enlacée par les compositions originales pour voix et piano de Naïma Chemoul et Jean-Luc Amestoy. Du Français au Judéo Espagnol, l’empreinte méditerranéenne du chant de Naïma, épuré et beau, porte une bouleversante émotion : celle d’un monde riche de ses différences.

Image de Naïma Chemoul en représentation

Équipe

Naïma Chemoul - Chant et lecture
Jean-Luc Amestoy - Piano et Accordéon
Luis Mazzoni - Son
Isabelle Ayache - Collaboration artistique

Image de Naïma Chemoul en représentation

Marcel Cohen est l’auteur, aux éditions Gallimard, d’une douzaine de titres. Il a reçu de nombreux prix littéraires parmi lesquels deux décernés par l’Académie française. Né en 1937 à Paris dans une famille sépharade originaire de Turquie, il a toujours entendu le judéo-espagnol* sans jamais le parler. C’est pourtant ce qu’il a tenté de faire dans son livre sur la langue maternelle et l’exil. C’est un texte à la fois grave, drôle et tendre.

En dialogue intime avec le piano de Jean-Luc Amestoy, Naïma Chemoul nous offre une adaptation vocale, du parlé au chanté, des lettres de Marcel Cohen écrites à son ami peintre Antonio Saura. Un spectacle qui porte la question universelle de l’identité, de la perte de la langue maternelle, mais aussi de la reconquête d’une mémoire contre l’oubli. Un texte fort, porté par la voix à la fois profonde et lumineuse de Naïma Chemoul.

Judéo-espagnol* est une langue historiquement parlée par les Sépharades de la péninsule Ibérique et de l’Empire ottoman. Patrimoine immatériel de la Méditerranée, elle a été classée par le Conseil de l’Europec comme langue de France et langue minoritaire déterritorialisée devant être protégée.

Image de Naïma Chemoul en représentation
« Un spectacle d’une heure et quart, plein d’émotions durant lequel les notes de Jean-Luc s’accrochent à la voix de Naïma. A moins que ce ne soit la voix de Naïma qui se glisse parmi les notes de Jean-Luc. Fusionnel. »

Jean-Marc Labarta, Festival les Rendez-vous des Mémoires

Note d'intention

« La lingua maternal, la langue maternelle, ainsi désigne t’-on ce que l’on entendait à la maison, Mais cette mère meurt-elle jamais ?» Marcel Cohen, Lettre à Antonio Saura, L’Echoppe, 1981.

En 2018, je compose une musique sur un texte du poète occitan Alem Surre Garcia, La Barca, prière de la défunte. Cette histoire me bouleverse, cette langue me touche, langue dont je crois savoir qu’elle n’est ni la mienne, ni celle de mes ancêtres, et cependant…Quelques semaines après avoir entendu cette chanson, un peu avant sa mort, ma mère, sur son lit d’hôpital entonnera deux chants, à ma grande stupéfaction, deux chants en occitan. Je découvrirais ainsi, qu’en fait, cette langue de la Barca était aussi celle de ma mère et pourtant je ne l’avais jamais su. Est-ce pour cela, que lorsque j’entends pour la première fois Lettre à Antonio Saura de Marcel Cohen, j’entends comme un écho mémoriel ?

Antonio Saura est peintre, espagnol, et frère du cinéaste Carlos Saura. De ses peintures il dit qu’elles sont imaginaires. Un jour, Marcel Cohen, écrivain français d’origine sépharade, lui écrit pour lui dire qu’il sait ce qu’il peint, qu’il reconnaît chacune de ses peintures, qu’il se souvient de chaque portrait, qu’il peint des fantômes : les fantômes de l’Espagne. S’ensuit une correspondance bouleversante en judéo-espagnol et en français. Une correspondance qui pose la question universelle de l’identité, de la perte de la langue maternelle, mais aussi de la reconquête d’une mémoire contre l’oubli. Marcel Cohen interroge l’histoire, celle de l’Espagne, celle de la peinture d’Antonio, mais aussi la sienne.
« Cher Antonio, je voulais t’écrire en djudyo avant que s’éteigne tout à fait la langue de mes ancêtres. Tu n’imagines pas Antonio, ce qu’est l’agonie d’une langue. C’est un peu comme se retrouver seul dans le silence. C’est se sentir sikileoso sans comprendre pourquoi… » Marcel Cohen, Lettre à Antonio Saura, L’Echoppe, 1981).

Dans ce livre, deux mémoires dialoguent, celle qui s’exprime à son insu à travers la peinture d’Antonio Saura et celle qui parle, à travers la langue de Marcel Cohen, langue dont l’agonie risque de faire disparaître à jamais un monde et son histoire. Deux mémoires en partage, comme deux amnésies qui tanguent, l’une se regarde, l’autre s’écoute. Et pourtant c’est bien dans ce face à face que la mémoire se retrouve et qu’une nouvelle histoire se tisse.

Avec sa puissante présence scénique, son timbre charnel qui va du chuchotement à la rage, Naïma Chemoul est rentrée dans le club très fermé de celles qui savent marier l’intime à l’universel. Ce n’est pas un hasard si son prénom signifie en hébreu « celle qui chante », et en arabe « la douceur du paradis ».

Pascal Bussy

La création LETTRE À ANTONIO SAURA
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